Principaux enseignements
La tech politique en tant qu’ensemble de solutions numériques dédiée aux professionnels des affaires institutionnelles est née ;
La valeur qu'elle apporte au secteur croît naturellement au fil du temps, au fur et à mesure des développements techniques ;
Si les pionniers et les technophiles s'en sont déjà saisis, la généralisation du recours à ces solutions reste à venir ;
La diffusion de la tech dans les affaires institutionnelles suivra probablement une courbe en cloche "à la Rogers".
Fiat poltech, et la poltech fut
Plusieurs acteurs sont arrivés au terme des développements et des tests de leur solution destinée au secteur des affaires publiques lors des deux dernières années. D'abord centrés sur des fonctionnalités de veille, ils ont dû s'assurer du "product market fit". C'est-à-dire, est-ce que ma solution apporte une valeur suffisante aux professionnels des affaires institutionnelles ?
Il incombe en effet aux porteurs d’innovation de convaincre leurs interlocuteurs de la valeur de leurs solutions. La poltech s'est donc lancée dans une phase d’information sur les bénéfices qu'elle apporte au secteur.
Et la poltech se positionne aujourd'hui comme le partenaire qui complète la panoplie des professionnels des affaires publiques. Elle leur propose de se concentrer sur les tâches à haute valeur ajoutée grâce à deux propositions de valeur :
Faciliter et compléter la veille institutionnelle ;
Offrir de nouvelles clefs d’analyse de l'activité parlementaire.
En parallèle de leurs enjeux de visibilité, les solutions tech poursuivent leurs développements. Avec un avantage pour ce type de modèle : chaque progrès technique réalisé génère une valeur supplémentaire pour tous les utilisateurs et n’est plus à faire.
Cette information nouvelle et l'amélioration des solutions commencent à produire leurs effets. Le bouche-à-oreille opère et certaines associations représentatives du secteur des affaires publiques se saisissent du sujet.
APAP visio la digitalisation des affaires publiques ses impacts et perspectives pour un secteur en pleine mutation avec des enjeux multiples en termes d’influence et de transparence merci à @DixitPlatform @fredguilbert24 @Contexte @SaperVedereEU pic.twitter.com/xN43NxVBDR
— laurent mazille (@LaurentMazille) January 19, 2022
La poltech : étoile filante ou nouvelle constellation ?
Il eut été intéressant d’analyser la dynamique de la poltech dans d’autres pays ou à Bruxelles pour avoir une idée de sa portée en France. Si des solutions existent ailleurs, elles ont adopté des positionnements différents en raison des moindres quantité et qualité de données disponibles.
Oui, cocorico ! Les institutions françaises ont la particularité d'être très en avance sur les questions d'open data. Il n'y a par exemple qu'en France que l'Assemblée Nationale actualise sur son site internet le sort des amendements dans les minutes suivant son vote.
🇪🇺 Pourquoi la France est à la première place du classement européen en matière d’#opendata ?
— Etalab (@Etalab) January 3, 2022
Quelles sont les bonnes pratiques françaises et les axes d’amélioration ? Aujourd'hui : le cadre politique et la gouvernance.
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Il est en revanche possible de tirer les leçons de l’émergence de la tech dans d’autres secteurs de l’économie. L'exemple le plus proche des affaires publiques est probablement celui de la legaltech. Si proche d'ailleurs que la poltech peut être considérée comme une branche de la legaltech.
Et avec un retour d'expérience de 10 ans, que nous apprend-elle, cette legaltech ?
Première chose, elle existe toujours. Le nombre d’acteurs n'a cessé de croître, avec plus de 200 acteurs recensés ;
Ensuite, nombre de ces start-ups sont pérennes. Doctrine, acteur le mieux valorisé capitalistiquement de la legaltech, a désormais 7 ans ;
Selon le Conseil National du Barreau, le nombre d’avocats a augmenté de 3% par an chaque année depuis 2010. Loin d'avoir remplacé les avocats, la tech en est devenue le partenaire.
Bref, la tech peut muter ou se consolider, mais elle vit en symbiose avec les autres acteurs de son écosystème.
À quel rythme la poltech peut-elle pénétrer le secteur des AP ?
Le nom d'Everett Rogers vous rappelle quelque chose ?
Monsieur Rogers était un sociologue et statisticien américain reconnu pour sa théorie de la diffusion de l’innovation. Ses travaux fournissent des indications sur le cycle de vie d’un produit innovant (ou, en l'espèce, d'un ensemble de solutions innovantes) sur un marché. Pour Rogers, la diffusion de l’innovation suit une courbe en cloche (plus connue que l'homme lui-même).
L’innovation infuse d’abord lentement. Les technophiles enthousiastes de tous types de structures s’en saisissent. Suivent les early adopters, qui identifient le plus rapidement une valeur dans le produit ;
Au fur et à mesure que la communication sur les produits augmentent et que la valeur des solutions augmente, la diffusion accélère pour toucher le cœur du marché ;
Enfin, la diffusion ralentit car les efforts à réaliser pour convaincre les plus sceptiques sont de plus en plus importants.
La poltech a aujourd'hui atteint le stade des early adopters. Il est fort à parier que la XVIème législature, qui débutera mi-2022, soit celle de l'adoption de solutions poltech par les professionnels des affaires institutionnelles.
Il ne reste plus qu'à savoir lesquelles !